Manifestation au Niger: Des milliers de voix exigent le départ des soldats américains
Des milliers de manifestants se sont rassemblés samedi dernier dans les rues de Niamey, la capitale du Niger, pour exprimer leur demande catégorique de voir partir les soldats américains déployés dans le nord du pays. Cette mobilisation fait suite à la récente dénonciation par le régime militaire au pouvoir d’un accord de coopération avec les États-Unis.
Initiée par Synergie, une coalition regroupant une dizaine d’associations soutenant le régime instauré lors du coup d’État du 26 juillet 2023, cette manifestation a également bénéficié du soutien d’organisations musulmanes locales.
Parmi les figures notables présentes lors de ce rassemblement devant l’Assemblée nationale figuraient le porte-parole du régime, le colonel Amadou Abdramane, le colonel Amadou Ibro, chef d’état-major particulier du général Abdourahamane Tiani, leader du régime, ainsi que le colonel Mamane Sani Kiaou, chef d’état-major de l’armée de terre.
La foule, comprenant de nombreux étudiants, a scandé des slogans tels que « À bas l’impérialisme américain », « Vive l’Alliance des États du Sahel (AES) – Mali, Burkina, Niger » ou encore « La libération du peuple est en marche ». Des symboles nationaux, ainsi que des drapeaux burkinabé, malien, nigérien et russe, étaient arborés fièrement par les manifestants.
Depuis le coup d’État de juillet dernier, le Niger a renforcé ses liens avec ses voisins burkinabè et maliens, tous également dirigés par des régimes militaires. Ce rapprochement s’est accompagné d’une rupture avec la France et d’un renforcement des relations avec la Russie.
En effet, mercredi dernier, une centaine d’instructeurs russes sont arrivés à Niamey, marquant le début d’une coopération sécuritaire renforcée entre le Niger et la Russie. Cette collaboration comprend notamment l’installation d’un système de défense anti-aérien et la formation des forces armées nigériennes à son utilisation.
Parallèlement, le régime nigérien a mis fin à son accord de coopération militaire avec les États-Unis datant de 2012, le jugeant « illégal ». Les quelque 1 000 soldats américains présents au Niger, engagés dans la lutte antijihadiste au Sahel, sont désormais sous le feu des critiques de la population.
« Ils ont dit qu’ils vont partir, alors qu’ils quittent en paix et vite », a déclaré samedi Cheikh Ahmadou Mamoudou, un chef religieux, depuis une tribune improvisée.
Les organisateurs ont appelé les manifestants à exprimer leur mécontentement de manière pacifique, évitant tout slogan insultant envers les États-Unis ou tout acte de destruction de symboles nationaux.
Le Niger reste confronté à des violences jihadistes récurrentes, tant dans l’ouest, perpétrées par des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique, que dans le sud-est, où opèrent Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest.
Cette manifestation témoigne d’une volonté populaire affirmée de redéfinir les alliances et les partenariats militaires du Niger, dans un contexte de lutte contre le terrorisme et de rééquilibrage des relations internationales.