Respect des décisions de Justice : Les avocats burkinabè entrent en grève
Les avocats burkinabè ont entamé, ce mardi, une grève de quatre jours sur l’ensemble du territoire national pour interpeller les autorités sur le « respect et l’exécution des décisions de justice par l’État envers toute personne », comme constaté sur place.
Le bâtonnier de l’ordre des avocats, Siaka Niampa, a expliqué dans une note transmise à la presse que cette décision a été prise à l’issue d’une assemblée générale. « Il a été décidé de l’arrêt de travail par tous les avocats du Burkina Faso du mardi 4 juin 2024 au samedi 8 juin 2024 inclus, sur toute l’étendue du territoire national, » a-t-il déclaré.
Selon Siaka Niampa, cette grève vise à attirer l’attention des autorités sur plusieurs points cruciaux :
-Le respect des règles régissant la procédure pénale au Burkina Faso envers toute personne mise en cause.
-L’application de l’article 6 du règlement n°5/CM/UEMOA du 25 septembre 2014, relatif à l’harmonisation des règles régissant la profession d’avocat dans l’espace UEMOA.
-Le respect et l’exécution des décisions de justice par l’État envers toute personne.
« Sans ces impératifs, notre mission et celle de l’État de droit sont vaines, » a souligné le bâtonnier.
Pendant ces quatre jours, les avocats s’abstiendront de participer aux audiences devant toutes les juridictions, sans exception, ainsi que les organismes à caractère juridictionnel. Cette décision a entraîné la suspension des audiences dans les tribunaux du pays. « En raison de l’arrêt de travail observé par l’ordre des Avocats, les audiences sont suspendues, » a confirmé un magistrat officiant à Bobo-Dioulasso.
Cette grève intervient dans un climat tendu marqué par l’arrestation de Me Guy Hervé Kam, avocat burkinabè et cofondateur du mouvement de la société civile Balai Citoyen. Le 29 mai 2024, Me Kam a été mis en examen et placé en détention provisoire pour « complicité de complot contre la sûreté de l’État et association de malfaiteurs, » selon le procureur militaire, le capitaine Ferdinand Ahmed Sountoura.
Me Kam avait été arrêté le 24 janvier 2024 à son arrivée à l’aéroport de Ouagadougou par des agents de la Direction de la sûreté de l’État. Accusé d’atteinte à la sûreté de l’État, il avait été libéré le 18 avril 2024 par une décision de la Cour administrative d’appel de Ouagadougou. Toutefois, le 29 mai, alors qu’il venait d’être libéré, il a de nouveau été arrêté près de son domicile par les forces de sécurité de l’État.
Amnesty International a vivement condamné cette « détention arbitraire de Me Guy Hervé Kam » et s’est dite « préoccupée par le fait que les décisions de justice ne sont pas appliquées et que les arrestations arbitraires de membres de la société civile se poursuivent depuis un an au Burkina Faso. »