Pauvreté multidimensionnelle en Afrique subsaharienne : entre progrès et défis liés aux conflits

En Afrique subsaharienne, la pauvreté multidimensionnelle connaît des évolutions contrastées. Alors que des pays comme le Bénin, le Kenya et le Mozambique ont enregistré une baisse de l’incidence de la pauvreté, d’autres, déstabilisés par des conflits, voient cette situation s’aggraver.
Selon une récente étude conjointe du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de l’Université d’Oxford, 1,1 milliard de personnes dans le monde vivent dans des conditions de pauvreté multidimensionnelle, dont 256 millions en Afrique subsaharienne.
L’étude, publiée en octobre 2024, révèle que près de 500 millions de personnes vivent dans des zones de conflits à travers le monde, principalement en Afrique. Des régions comme le Sahel, la province du Kivu en République démocratique du Congo, et le Soudan, affectées par des violences cycliques, sont particulièrement touchées. Ces conflits exacerbent la pauvreté, avec 455 millions de personnes pauvres vivant dans des pays affectés par des guerres ou en situation de fragilité.
Achim Steiner, administrateur du PNUD, a souligné l’urgence d’intervenir dans ces contextes pour briser le cycle de la pauvreté et des crises. « Nous devons accélérer l’action pour les aider. Nous avons besoin de ressources et d’un accès à des interventions spécialisées en matière de développement et de redressement rapide », a-t-il déclaré.
Le rapport met en lumière les disparités entre les personnes vivant dans des pays en conflit et ceux évoluant dans des environnements plus stables. Par exemple, plus d’une personne pauvre sur quatre dans les zones de guerre n’a pas accès à l’électricité, contre une sur vingt dans les pays plus stables. De même, l’accès à l’éducation, à la nutrition et à la santé est beaucoup plus limité dans les régions en conflit. Le taux de mortalité infantile est aussi alarmant dans ces zones, atteignant 8 %, contre 1,1 % dans les pays non touchés par des violences.
En Afrique subsaharienne, les populations continuent de souffrir de la sous-alimentation. Le rapport précise que 256 millions de personnes dans cette région vivent dans des foyers où au moins un membre est sous-alimenté, accentuant les difficultés nutritionnelles et sanitaires dans les zones de conflit. Ces chiffres soulignent l’ampleur des besoins humanitaires et de développement dans ces régions.
Malgré ces défis, certains pays d’Afrique subsaharienne ont réussi à réduire la pauvreté multidimensionnelle. Parmi les 17 pays dont les données couvrent la période allant jusqu’à 2021/22, neuf, dont le Bénin, le Kenya et le Mozambique, ont vu une baisse significative de l’Indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) et de l’incidence de la pauvreté. Ces résultats montrent que des progrès sont possibles, même dans des contextes complexes.