RDC : à Kabare, le Mpox sévit dans un contexte de conflit persistant


Depuis 2024, la République Démocratique du Congo (RDC) est confrontée à une situation sanitaire préoccupante, avec près de 80 000 cas suspects de Mpox, anciennement connue sous le nom de variole du singe, enregistrés à travers le pays.
La maladie, qui a déjà causé 1 549 décès, touche actuellement 26 provinces du pays. Dans cette situation d’urgence, des équipes médicales travaillent sans relâche pour soigner les malades dans des conditions de plus en plus difficiles, aggravées par le contexte de guerre qui déstabilise le pays.
À Kabare, une localité située dans la province du Sud-Kivu, des infirmières prodiguent des soins dans une tente de fortune pour des patients tels que Patrick Buroko, un malade atteint de la Mpox. Patrick raconte avec émotion sa difficile expérience : « Nous souffrons à cause de la guerre, les médicaments sont rarement disponibles. Les blessures ne guérissent pas et notre corps tarde à se rétablir faute de médicaments. Aujourd’hui, je me sens mieux après avoir reçu un traitement. Les soins que j’ai reçus m’ont aidé, mais restent insuffisants. Au début de la guerre, j’étais en bonne santé, avant d’attraper le paludisme, puis le virus Mpox. »
Ces témoignages illustrent bien les défis auxquels sont confrontées les populations locales, qui doivent non seulement lutter contre une épidémie de Mpox, mais aussi survivre dans un environnement instable, marqué par des conflits armés. La situation est d’autant plus complexe qu’il est difficile d’accéder aux traitements en raison des pénuries de médicaments dans les zones affectées.
Heureusement, des initiatives commencent à porter leurs fruits. Une vaste campagne de vaccination contre le Mpox a été lancée cette semaine à Kinshasa, avec le soutien de l’UNICEF. Cette campagne vise à protéger plus de 600 000 personnes, dont près de 47 % d’enfants et d’adolescents parmi les cas confirmés. C’est un espoir de soulagement pour de nombreuses familles qui redoutent les effets de cette maladie contagieuse.
Christine Masumbuko, a eu trés peur pour sa fille : « Lorsque je suis arrivée (au centre de santé) avec ma fille, sa température dépassait les 39 degrés. On lui a donné des comprimés, et lorsque les infirmières lui ont injecté le remède, elle s’est mise à pleurer et s’est évanouie. Je loue le Seigneur car elle va mieux maintenant. »
En dépit de ces efforts, la situation sanitaire reste très fragile. Le Dr Serge Cikuro, médecin responsable de la zone de santé de Miti Murhesa, souligne que la guerre continue de perturber les soins médicaux dans certaines régions : « Les patients continuent d’arriver, donc nous continuons à faire des rapports, mais la zone de santé, qui avait quatre centres de traitement, n’a plus (à cause de la guerre) que deux centres de traitement du Mpox, à Lwiro et à l’hôpital général de référence de Miti. »
Les autorités sanitaires, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), suivent de près l’évolution de la situation. Selon l’OMS, bien que des progrès aient été réalisés dans certaines régions, la situation sécuritaire continue d’impacter la lutte contre la Mpox.
En effet, la diminution des cas observée dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu semble directement liée à l’amélioration, bien que partielle, de la situation sécuritaire. Toutefois, une augmentation des cas confirmés de Mpox a été observée à Kinshasa, ce qui inquiète les autorités sanitaires.
La RDC fait face à une double crise : une guerre qui déstabilise les infrastructures et complique l’accès aux soins, et une épidémie de Mpox qui touche une grande partie de la population. Si les efforts de vaccination et de traitement continuent de progresser, la situation reste complexe et nécessite une solidarité internationale pour soutenir le pays dans sa lutte contre cette maladie.